UN PROCÈS AUX ALLURES DE TEST POUR LA JUSTICE

Le procès Jubillar ne sera pas un procès comme les autres. Avec aucun corps retrouvé, aucune arme identifiée et aucun aveu arraché, la cour d’assises devra juger presque uniquement sur des indices indirects : témoignages, incohérences, expertises techniques. Un défi majeur pour la justice française.

Car au-delà du sort de Cédric Jubillar, c’est une question de principe qui se pose : peut-on condamner un homme pour meurtre sans preuve matérielle irréfutable ?

CHRONOLOGIE DES FAITS

• 15 décembre 2020 – soir : Delphine Jubillar travaille comme infirmière de nuit. Elle rentre chez elle vers 21h, selon les voisins.

• 15-16 décembre 2020 – nuit : Delphine disparaît entre minuit et 6h du matin. Ses enfants dorment à l’étage. Son téléphone cesse d’émettre à proximité du domicile.

• 16 décembre 2020 – matin : La famille et les proches signalent sa disparition. La police locale ouvre une enquête.

• 17 décembre 2020 : Début des battues et fouilles autour de la maison et du quartier. Des objets personnels sont retrouvés, notamment ses lunettes cassées.

• Décembre 2020 – janvier 2021 : Multiples perquisitions au domicile du couple et dans la région, aucune trace du corps. Les enquêteurs recueillent des témoignages de voisins relatant des bruits et des incohérences dans le comportement de Cédric.

  

• Juin 2021 : Cédric Jubillar est mis en examen pour meurtre aggravé sur conjoint et placé en détention provisoire.

• 2021 – 2025 : L’enquête se poursuit, rassemblant 27 tomes de dossier, 15 000 pièces, 65 témoins et 11 experts.

• Septembre 2025 : À la veille du procès, le dossier est complet et prêt à être examiné par la cour d’assises d’Albi.

LES ZONES D’OMBRES

Malgré des années d’enquête, l’affaire Jubillar reste pleine de mystères :

• Aucun corps retrouvé et aucune arme identifiée, ce qui complique la reconstitution des faits.

• Incohérences dans les témoignages : certains voisins parlent de bruits étranges dans la nuit, d’autres ne remarquent rien.

• Comportement de Cédric Jubillar : certains éléments de son emploi du temps et de ses déclarations restent inexpliqués.

LE PROCÈS CE LUNDI

Le procès s’ouvrira à Albi, devant la cour d’assises du Tarn, et devrait durer environ quatre semaines.

• 65 témoins et 11 experts seront entendus pour tenter de reconstituer la nuit du 15 au 16 décembre 2020.

• Le dossier comprend 27 tomes et plus de 15 000 pièces.

  

LES CHEFS D’ACCUSATION

Cédric Jubillar comparaît sous plusieurs accusations graves liées à la disparition de son épouse Delphine :

1. Meurtre aggravé sur conjoint

   • L’accusation principale repose sur le soupçon que Cédric aurait tué Delphine dans le cadre conjugal.

   • Le caractère “aggravé” est lié à le victime étant son épouse et aux circonstances supposées du crime.

2. Enlèvement, séquestration ou détention arbitraire

   • Les enquêteurs considèrent que Delphine aurait pu être retenue contre son gré, ce qui constitue un crime distinct, même en l’absence de corps retrouvé.

3. Recel de cadavre d’une personne victime d’homicide

   • L’accusation inclut la possibilité que Cédric ait dissimulé le corps de Delphine après le meurtre.

   • Même sans corps retrouvé, la justice estime que certaines preuves et indices permettent d’envisager cette hypothèse.

     Cédric et Delphine Jubillar avec leur fils à la neige

Demain, lorsque Cédric Jubillar s’assiéra dans le box des accusés, ce ne sera pas seulement son sort qui se jouera : ce procès mettra à l’épreuve la capacité de la justice à trancher dans un dossier complexe et médiatisé.

Pour les enfants de Delphine, pour sa famille et pour toute la société, ce procès représente l’espérance d’une vérité enfin révélée. Mais jusqu’au verdict, le mystère reste entier.

Source : AFP - BFMTV - LE PARISIEN | Article écrit par Eloan C.